• Mettre ",1 Km" peut faire sourire et pourtant je vous assure que les 100 derniers mètres sont parfois bien pénibles.

    Pour cette portion, au début, on monte un moment pour arriver sur un plateau à 910 mètres,

    d'où l'on peut, en se retournant admirer Castrojeriz, ou du moins sa colline, dans la brume du soleil levant.

    Il y eut des passages sous les arbres le long du ruisseau Salguate ou du canal de Castille. Un délice, de l'ombre !

    Et des passages en plein soleil, chaleur violente mais tempérée par un petit vent qui sèche la sueur.

    Sur ce plateau s'étale au soleil encore rasant les cultures qui ravissent le regard.

    Cette meseta prend alors tout son charme et ce sont dans des moments comme celui-ci

    qu'on se dit qu'on ne subit pas la meseta, on l'apprivoise doucement.

    C'est sûr que le même parcours en plein après-midi, sous 35 ° à l'ombre doit être beaucoup moins jouissif.

    Au marcheur de composer.

    Certains, par crainte de cette marche entre Burgos et Leon, louent des vélos et font le parcours en 3 ou 4 jours.

    Souvent par la nationale quand ils ne sont pas trop courageux pour affronter les chemins.

    Ils ne savent pas ce qu'ils perdent.

     

    C'est sur cette portion que j'ai fait la connaissance d'un vieux monsieur que je n'oublierai pas, je crois :

    Il s'agit de Jeannot, 81 ans, un genou foutu et une maladie qui ne pardonne pas trop.

    Jeannot a déjà fait le voyage de Saint Jacques à 75 ans mais sa femme est morte il y a 3 ans

    et il rêve de retourner à Santiago, accompagné d'un foulard bleu qui ne le quitte jamais,

    celui de son épouse (ainsi elle fait le voyage avec moi, dit-il)

    Malheureusement le corps a ses limites et son genou le fit tant souffrir qu'il fut, arrivé à Burgos,

    obligé de repartir à Poitiers pour se faire faire une infiltration.

    De retour à Burgos, quelques jours plus tard, il est reparti mais… Rebelote, douleurs violentes au genou et déprime totale.

    C'est là qu'il rencontre Stéphanie, une jeune femme, qui l'aide à retrouver le moral

    et durant deux jours, l'oblige à ralentir et à penser à autre chose.

    Il l'appelait son ange gardien, son étoile.

    Arrivé à Sahagun, il décidera alors de prendre le train jusqu'à Leon pour consulter un toubib.

    Espérait-il un miracle ?

    J'ai donc cheminé ce jour-là avec Jeannot et Stéphanie puis Jeannot nous a laissé partir

    pour se reposer un peu plus longtemps à l'arrêt de la matinée.

    Stéphanie marchait plus vite que moi (rappelez-vous, la tortue !)

    et après Itero de la Vega, je l'ai laissé partir.

    Le mari de Stéphanie faisait lui aussi le voyage vers Santiago mais par le chemin du nord et ils devaient se retrouver plus loin.

     

    Activité pastorale encore bien présente

    Photo difficile,  le jour est à peine levé.

     

    A 7 h 18, le soleil apparaît derrière les collines.

     

    En arrivant sur le plateau.

    On donne le nom de désert à la meseta, en raison de la couleur dorée de ses blés, comme du sable.

    L'Ermita San Nicolas, ancien hôpital tombé en ruines est remonté en 1993 par l'association italienne des amis de St Jacques :

    la tradition veut que les hospitaliers qui tiennent ce lieu (tous italiens) lavent les pieds des pèlerins à leur arrivée pour la nuitée.

    C'est un petit café qu'on nous offre mais Jeannot a tenu à payer.

    L'intérieur est étonnant et on y voit des lits un peu partout pour les retardataires qu'on ne laissera pas dehors.

    Derrière il y a un autre bâtiment, moins spartiate.

    Il paraît que l'ambiance est fantastique et les spaghettis al dente succulentes.

    Je regrette presque de n'y avoir point séjourné.

    Jeannot

    Pont sur le rio Pisuerga

     

    Et on entre dans la province de Palencia

    Un peu avant l'entrée dans Itero de la Vega, je m'arrête dans un bar fort sympathique pour une tortilla qui me fait le plus grand bien,

    j'avais une faim de loup.

    La piscine me fait de l'oeil mais pas le temps.

    (Respectons la sacro-sainte sieste espagnole… A demain)


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