• Il avait été question d'installer le sapin de plastique acheté quelques années auparavant, d'autant qu'elle avait dit:

    "On l'a payé assez cher celui-là, il faut bien qu'il serve !"

    Mais devant la réprobation générale, il avait décidé autre chose...

    Il avait marché, bravant les chemins neigeux jusqu'à la lisière de la forêt et après avoir inspecté les alentours,

    il l'avait choisi, celui qui tout petit et un peu bizarre serait sans doute délaissé par les marchands de bois.

    Il ferait bien l'affaire, pas trop grand, juste ce qu'il fallait pour entrer dans la véranda.

    Allez, on n'a pas le droit de couper les arbres dans la forêt mais pour celui-ci, on pouvait supposer que personne n'en ferait grand cas,

    et il le rapporta sur son dos.

    Une fois les branches basses coupées, il fut installé dans un grand seau.

    Puis il alla chercher le sac de guirlandes et de boules.

    Un petit trou et quelques débris montraient que les souris étaient passées par là.

    C'est terrible ces bêtes là, à la vitesse où ça se reproduit et surtout à la campagne, on n'en voit jamais le bout,

    même avec le chat, qui en outre passe beaucoup plus de temps à dormir qu'à chasser, la vieillesse n'arrange rien.

    Il contempla son oeuvre et réalisa que son sapin n'avait pas beaucoup d'allure.

    Tous ceux qui passaient à côté disaient : "il est moche ton sapin"

    Alors il essaya des trucs pour le rendre plus beau...

    D'un coup de baguette, le sapin devint pastel

    D'un autre coup de baguette il devint fusain.

    Puis tourbillon

    Puis explosion de couleurs.

    Reflets d'eau

    Enfin, il le mit dans une boule

    Mais tout le monde disait toujours : "Il est moche ton sapin"

    Il était un peu désespéré, tout ce mal pour rien.

    Puis vint le soir, la nuit envahit la véranda et sans enthousiasme il brancha la guirlande lumineuse.

    Tous les enfants de la maison accoururent et regardèrent extasiés ce "moche sapin" qui explosait de couleurs.

    Les mains posées sur la vitre, ils ne bougeaient plus et disaient entre eux :

    "Qu'il est beau le sapin !"


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