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La Grande Vieillesse
102 ans... Tout le monde dit: "c'est formidable d'arriver jusque là... Votre maman va bien ?"
Et moi de répondre qu'elle va bien, oui, on peut le dire dans la mesure où elle a toute sa tête !
Mais va-t-elle réellement bien quand elle répète qu'elle voudrait mourir, qu'elle en a assez ?
Va-t-elle réellement bien quand elle ne supporte aucun changement dans son quotidien, quand Françoise, l'aide-soignante, est partie,
remplacée par une nouvelle qui lui fait peur, sûrement sans raison...
Va-t-elle réellement bien quand elle est agressive car elle souffre dans son corps et son âme ? Je sais c'est dans son tempérament, mais quand même !
Va-t-on réellement bien quand on est dans un endroit qu'on n'a jamais vraiment accepté et qu'on subit ?
Peut-on aller si bien quand on est si vieux, que presque toutes les dents sont tombées, que la peau n'est plus que du parchemin qui se déchire à la moindre caresse ?
Est-ce agréable de chercher tous ses mots dans sa tête parce qu'ils ne viennent plus tout seuls au bord des lèvres ?
Peut-on aller bien quand on regarde les aiguilles de l'horloge qui n'avancent pas, que les journées s'étirent paraissant ne jamais finir ?
Et puis on somnole le plus souvent possible, ça occupe, on essaye d'oublier les minutes qui nous restent à vivre.
Ah, cette horloge, celle de la vie, celle de la mort, quand s'arrêtera-t-elle ?
On ne pense plus qu'à ça et on a peur...
Depuis 5 jours ma mère a 102 ans et je souhaite... Qu'elle parte en paix...
Non, il n'y a aucune tristesse dans ce billet, juste de la compassion pour une très très vielle dame...
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Commentaires
2Anne**Mercredi 9 Décembre 2015 à 18:513SylvieMercredi 9 Décembre 2015 à 19:00Ton billet est émouvant et comme je comprends.
Ma mère a 87 ans et elle doit subir une opération bientôt. Elle est si mal au fond de sa tête et de son coeur que j'aimerais qu'elle parte en paix. Cette vie à la fin devient un supplice pour elle et pour nous.J'ai beaucoup de tristesse pour elle et également de la compassion. Même si elle n'a jamais été aimante .... juste .... c'est "ma" mère !
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Mercredi 9 Décembre 2015 à 19:41
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Je suis ému de te lire car je connais cette situation. Il y a trois ans ma belle mère nous a quitté volontairement. Elle a cessé de boire et de manger de sa propre volonté. Elle s'est éteinte un matin avec le sourire et avoir au cours de la nuit informé son mari qu'elle le rejoignait. Elle avait fini de souffrir et avait retrouvé sa sérénité. Nous aussi nous avons retrouvé la paix , nous savons qu'elle va bien maintenant...... Je te souhaite beaucoup de courage.
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Jeudi 10 Décembre 2015 à 07:49
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comme je te comprend , la mienne a 6 ans de moins , va bien ,pareil que la tienne , mais s'occupe quand même pour oublier ces pensées qui lui trottent dans la tête.
connais tu la chanson de Linda Lemay : la vieille ? elle , elle reste en vie et voit partir ses enfants ...
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Jeudi 10 Décembre 2015 à 07:48
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Je te comprends, j'ai connu ça avec ma maman et ma belle-mère, ce n'est pas facile à vivre et on ne se sent ni attirant, ni intéressant, juste un fardeau et quand on a aimé donner c'est dur à vivre, et les douleurs qui s'ajoutent !
10sonnetteJeudi 10 Décembre 2015 à 12:5411penelopeJeudi 10 Décembre 2015 à 13:06Ma belle mère a 90 ans, ma mère 82 ans, si ma belle mère envisage et prépare sa mort, je suis presque certaine qu'elle a laissé des "consignes", cependant elle aimerait vivre le plus longtemps possible, maman ne prépare rien et a peur, elle nous laissera un lourd passif, on devra tout régler, pas marrant.
Et moi? Je rejoins ma grand mère, elle souhaitait mourir et malheureusement, ces "andouilles" d'enfants ne l'ont pas laissé faire, elle a souffert deux mois, à 87 ans, alors qu'elle était dans le coma, ils l'ont ranimé. Pitoyable. Elle pleurait ensuite "Laissez moi mourir", moi, je l'aurai laissé. Jamais je n'accepterai de lourds traitements, j'ai peur de la mort, bien entendu, je mentirai si je disais autre chose, mais j'ai peur aussi de faire de la peine à mes proches. cependant je les prépare, je leur ai dit, que ma vie est "faite" et que je ne regretterais rien, si je mourrais, maintenant.
Pire ou mieux? J'ai fait un pacte avec mon mari, on se laissera partir, pas d'hôpital si on peut, pas de .... On s'aime, et on est d'accord, on ne veut pas de cette surmédicalisation, tout simplement. On espère tout les deux, mourir avant l'autre.
Je me remémore certaines paroles qui me déchirent encore tant elles sont vraies : Que c'est long de mourir !
Ton post est touchant et j'espère que ta maman à conscience de l'amour que tu as pour elle et que l'on perçoit à travers tes lignes.
13françoiseJeudi 10 Décembre 2015 à 19:20Tu as tout dit et je ne sais que rajouter. Juste que je comprends et que je suis d'accord avec tout...
15cathouneJeudi 10 Décembre 2015 à 22:19Qu'elle a baissé en 18 mois ! J'ai regardé avec tristesse les photos de son anniversaire. Quelle tristesse aussi de savoir qu'on ne gardera pas le souvenir d'une mère aimante. Quelle tristesse de savoir que son coeur a failli lâcher il y a peu et qu'elle a été emmenée en clinique et a été d'accord pour qu'on lui pose un pacemaker... Ce n'est plus une vie mais elle s'accroche même si elle dit qu'elle veut mourir. Elle a si peur de la mort. Je souhaite seulement qu'elle arrive à trouver la paix .
16margoVendredi 11 Décembre 2015 à 17:07Ma maman est décédée a 40 ans, j'en avais 20, nous habitions alors tout près d'où votre maman vit, à Courbevoie si j'ai bien compris.
Finalement, je n'ai pas eu le chagrin de la voir vieillir, elle restera jeune et belle pour l'éternité. Je ne sais pas si c'est mieux, mais c'est ainsi. C'est si difficile de voir souffrir ceux qu'on aime (et même ceux qu'on n'aime pas) mais c'est l'histoire de chaque être humain de naître, vivre et partir.
17SylvieVendredi 11 Décembre 2015 à 17:20Cathoune , vous écrivez " Quelle tristesse aussi de savoir qu'on ne gardera pas le souvenir d'une mère aimante " .
Je ne suis pas sûre que cela change grand chose , dans la mesure où vous avez vécu/subi cela de son vivant .
La tristesse éprouvée après sa mort ne peut guère être pire que celle éprouvée de son vivant .
Sa mère , morte il y a 11 ans , n'a cessé de dire et de répéter à mon mari qu'elle avait " essayé de le faire passer " . Jusqu'à l'âge adulte elle lui a reproché d'être né . Sans parler de toutes les autres méchancetés auxquelles il a eu droit ...
Bon courage à vous et à Martine .
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Je partage tout à fait tes interrogations quant à ces personnes adorables mais très âgées qui n'ont plus grand chose qui les retient sur cette bonne vieille terre qui en plus est complètement déboussolée. 102 ans c'est une belle vie et je ne sais ce que je ressentirais si je me trouvais à ta place. J'ai perdu la mienne il y a trois ans et demi suite à 8 ans de lutte contre la maladie d'Alzheimer, elle avait 81 ans... Et elle n'avait plus toute sa tête, heureusement quelque part.